Célestes & Antédiluviennes

 

 

avec le concours de l’Etat (Ministère de la culture et de la communication – DRAC Nouvelle Aquitaine)

 

Célestes et Antédiluviennes

« Les pièces photographiques ont une fascinante présence par la simple organisation spatiale du module architecturé répété, doublé symétriquement, formant un module en lévitation, volant sur un fond de ciel bleu numérique. Simple et pourtant si efficace, cela est presque dérangeant pour le regardeur qui se laisser attraper aussi naturellement. 

(…) Avec « Antédiluviennes », on est en présence d’une archéologie évoquant un ensemble plus vaste dont ne subsisteraient que des scories. Les liens entre argile et archéologie dans l’art contemporain sont anciens. « Antédiluviennes » pourrait être des restes de « Ostia Antica » de Anne et Patrick Poirier qui, en 1971, construisent en argile rouge une maquette 72 m2 de leur déambulation dans Rome et ses environs. Ils formulaient ainsi leur travail « L’inexactitude de notre construction n’est pas un obstacle, étant donné la notion à laquelle nous sommes attachés au départ : à savoir que cette ville n’est qu’un prétexte, un prétexte, une histoire que nous pouvons vivre. »*. Ils se prennent au jeu de l’archéologue. En collectant des morceaux de ville par le biais de petits moulages, de croquis, de menus vestiges, ils agrégèrent ces éléments épars en un objet unique qui présenté dans une salle fortement éclairée faisait ressortir le rouge de l’argile cuite, produisant un effet poignant, une sorte d’image tout aussi attachée à leur expérience qu’à l’histoire de la ville. L’espace physique devient un espace mental fort d’un récit où l’imaginaire enrichit l’expérience à laquelle est convoquée le regardeur.

L’ensemble du travail d’Hélène Delépine relève de la mutation d’un espace physique parcouru et disséqué qui, avec la production d’images en deux ou trois dimensions, devient un espace mental. Seul espace possible à l’imaginaire individuel, dans une expérience collective ravivée, celle de la flânerie. »

* A. et P. Poirier in catalogue Anne Poirier Patrick Poirier, Neue Galerie, Aix-la-Chapelle, 1973.

 

Christian Garcelon, conseiller pour les arts plastiques, enseignant, directeur de la biennale d’art contemporain de Saint-Flour, 2017

Texte extrait de Parcours fictionnels par Christian Garcelon, La Mire : Hélène Delépine, n°1, 2017, éditions Impression, Limoges, ISBN : 978-2-9550305-4-7