Semblables

 

Réalisé dans le cadre d’une résidence à l’Ecole Municipale des Beaux-Arts de Châteauroux – Collège Marcel Duchamp

 

Semblables

Se situant dans un cheminement transversal qui explore la porosité entre l’image et le volume, le travail d’Hélène Delépine mêle la photographie et le dessin à la sculpture, l’architecture à l’objet, interroge les rapports d’échelle et la permutation du réel et de notre imaginaire. Il est un jeu de construction d’images fait d’assemblage et de combinaison qui qui fonctionne par déplacement, translation ainsi que par l’usage du signe et de l’indice.

Le projet que l’artiste a réalisé dans le cadre de sa résidence à l’Ecole Municipale des Beaux-Arts de Châteauroux se situe dans la continuité de sa démarche artistique et de ses recherches plastiques récentes. Il s’inscrit dans une contextualisation spécifique en lien avec le territoire et son héritage architectural.

Partant du patrimoine des villes qu’elle visite dont elle retient arbitrairement des éléments sous forme de photographies, Hélène Delépine extrait des formes architecturales en les réinterprétant par un travail s’image en symétrie puis de transposition d’images en volume. Les sculptures sont le résultat d’un double filtrage du réel, mêlant éléments reconnaissables et fragments étrangers, absorbant des formes pour en restituer d’autres et intégrant des changements d’échelle. Le processus d’abstraction de la forme qui fait naître les sculptures est une ouverture sur des possibles fantasmés et imaginés, qui nous transporte du réel vers l’ailleurs par un geste de fictionnalisation.

En résonance avec le thème de la biennale, le projet qu’Hélène Delépine réalise propose d’aborder la notion d’Idem comme possibilité de jouer le jeu de la symétrie et de la duplication, de ce qui se double et se dédouble, afin de questionner ce qui peut être semblable sans être le même. Idem peut souligner son contraire, interroger comme possibilité d’être autre-ment. L’interstice qui se dessine ouvre un champ de possible que la transposition d’une forme à une autre peut, selon l’artiste, sonder et explorer.

 

« Dans le cadre de la résidence de l’école d’arts plastiques de Châteauroux, dans la temporalité de la biennale de céramique qui a pour thème générique Idem, qui associe artiste du champ céramique et autres, formant des binômes au dialogue forcément dépaysant, Hélène Delépine se propose « de questionner ce qui peut être semblable sans être le même ». Elle déplace le sens même du mot idem, hors de son synonyme courant – de même – qui ne peut être un but en soit, au risque de la copie. Dans le contexte de Châteauroux ou se côtoient des architectures variées, très dissemblables, témoins des temps et des évolutions mouvantes, l’artiste opère des glissements du réel qu’elle souhaite offrir au regardeur, façon de modifier non la réalité mais d’en perturber la vision.

Hélène Delépine est en recherche constante. Le réel, saisi lors d’une déambulation, est la source de la fiction où se développent des cohabitations improbables et pourtant interrogatoires. La place et les interactions des éléments du réel s’en trouvent déplacés, glissés  au sein d‘une fiction, dont l’œuvre ainsi composée se trouve porteuse. Dépayser le réel est sans aucun doute le moteur de cela. »

 

Christian Garcelon, conseiller pour les arts plastiques, enseignant, directeur de la biennale d’art contemporain de Saint-Flour, 2017

Texte extrait de Parcours fictionnels par Christian Garcelon, La Mire : Hélène Delépine, n°1, 2017, éditions Impression, Limoges, ISBN : 978-2-9550305-4-7

 

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CHTX Métropole n°10, juillet / août 2017, P.5. Texte : Amélie Tissot / Photos : Gilles Colosio

 

Article – Paris Art

Article – Decalab